Moi, la fille qui a toujours eu ce complexe de "le bien-être des gens autour de moi est plus important que le mien". J'ai dit non à quelqu'un. Que j'aurais pu rendre heureuse en disant oui.
Sans rentrer dans les détails, le dernier exercice de communication consciente qu'on a fait lors de la formation impliquait choisir un objet parmi plein d'autres au centre d'un cercle. Puis accepter ou non de l'échanger avec quelqu'un qui voulait le même que toi si ça arrivait.
Quand est venu mon moment de prendre un objet je n'ai eu aucun doute. Il était là, au centre du cercle, je ne voyais que lui, pas les autres. Lorsque je l'ai pris dans mes mains, elles se sont mises à vibrer et j'ai eu les larmes aux yeux. C'était le bon, c'était le mien. Pas le moindre doute, il était à moi.
Puis est venu le moment que je redoutais, le moment que je savais depuis le début de l'exercice allait arriver. Allait m'arriver. Parce que j'en avais besoin.
Une de mes amies de Tribe a voulu mon objet. Elle a fait un argumentaire super poignant et convaincant. Elle a pleuré (aucun jugement ici, on est bien d'accord, cette journée là on a toutes pleuré nos mamans, c'était le dernier jour). Je l'aime, je les aime toutes. J'ai failli dire "oui, mais bien sur, prends le, je vais en prendre un autre, je ne veux pas te priver". Et puis j'ai respiré. Et puis j'ai regardé dans mon coeur. et puis j'ai dit "non, je le garde, désolée" (la voix tremblante et l'oeil humide).
Je me suis immédiatement sentie comme la personne la plus horrible de la planète. J'ai presque dit "mais non, je rigole, bien sur que je te le donne", mais une espèce de paix intérieure est arrivée de nul part. Non. Tu sais que c'est le bon choix, le choix de ton coeur. Le fait que cet objet est à toi, et à personne d'autre et que cette fois, rien que cette fois, c'est toi qui passe en premier.
Pourquoi ça m'est tellement difficile de dire non? Pourquoi même là, sur une chose aussi petite qu'un objet je continue à y penser et à me dire que "franchement, t'aurais pu lui donner quand même, c'est pas très cool". Pourquoi me faire passer avant les autres provoque de la culpabilité alors que franchement, je ne suis pas certaine que mon amie aille mal à cause de ça, m'en veuille vraiment ou me juge pour ça?
Pourquoi est ce que pour moi, Ahimsa (la non-violence, le premier des Yamas, préceptes yogiques qui déterminent nos relations avec les autres) est si facile à appliquer envers les autres et pas envers moi-même?
Et je me suis rendue compte que cet exercice n'était pas un exercice. C'était un aspect de ma vie que j'avais à travailler, fort. Garder ma compassion, mon empathie tout en apprenant à me faire passer d'abord. Je suis la personne la plus importante dans ma vie. Tu es la personne la plus importante dans la tienne. Point.
Ça ne veut pas dire être égoïste. Ça veut juste dire qu'avant de prendre soin des autres, il faut que j'apprenne à prendre soin de moi. Attention, pas de mes désirs et de mes envies, mais de mon moi profond, de ce qui est juste et bon, de ce qui me nourrit.
Et ça, ça passe par apprendre à dire "non", à apprendre à décevoir, à apprendre à ne pas toujours faire ce que les gens attendent de moi.
Mantra et intention de cette semaine (venant de ma formation, merci Geneviève):
Je suis la personne la plus importante dans ma vie.