dimanche 19 avril 2015

Il était une fois un petit tendon...

Le petit tendon était bien, niché dans l'épaule de sa propriétaire depuis une belle trentaine d'année. Il travaillait fort-fort, à cause de l'épaule hyper-lax de la-dite propriétaire mais ils bossaient bien ensemble. Une belle collaboration.
Un jour, la propriétaire, s'est déconnectée de son ressenti et a voulu faire "comme les autres" en cours de yoga en faisant des sortes de "charrues en dynamique", malgré son petit cou tout raide. BIM un trapèze froissé, qui oblige le petit tendon de l'épaule à compenser comme un malade. Mais bon, c'est sa job, puis il l'aime bien sa propriétaire, donc tant qu'elle prend un minimum soin de lui et ne force pas trop, il coopère.
Deux jours pour tard, elle décide de faire un chien tête en bas en forçant dans les épaules. Là, c'en est trop. Le petit tendon n'en peut plus de travailler comme un fou sans aucun égard pour son dur labeur et décide de faire gréve et se planquer entre l'articulation et l'omoplate.

Ça fait mal.
Et ça fait une tendinite.
À l'épaule.
Genre à l'articulation dont tu te sers TOUT LE TEMPS.

Donc on va pas se mentir. Une tendinite à l'épaule, c'est la loose. Ça fait vraiment mal dans tout le bras, c'est long et ça empêche de faire plein de choses, dont des asansas. J'en suis à 1 mois sans asanas avec juste des exercices de rééducation de la loose à base de boites de sauce tomate et d'élastiques, et j'en peux plus.
MAIS, ça guéri. Doucement, TRÈÈÈÈS doucement, mais ça guérit.

 Équipement de foufou pour rééducation de l'épaule. Ça fonctionne :)


Depuis que je fais du yoga, j'ai appris une leçon super importante:
Mes blessures sont mes meilleurs professeurs. 
Vraiment.
Long story short, je traine des trucs chroniques pas très choupis dans mon corps et avant de me mettre au yoga (et même mes premières années de pratique), ça a toujours été un combat de ma volonté contre mon corps. Comme si je considérais ces blessures étaient des corps étrangers qui n'avaient rien à faire là et qu'en les ignorants, ou en forçant, ça les feraient partir. Sauf que ça ne fonctionne pas ça, surtout pas au yoga.
Il y a quelques temps, j'ai commencé à travailler autour de mes blessures et de mes limitations. Pas contres elles, mais avec elles.
Mes blessures ne sont pas mes ennemies. Elles sont là, elles évoluent avec moi, elles font partie de moi (pour un temps du moins). Les accepter et les écouter plutôt que les combattre, ça a tout changé à ma pratique et à ma vie.

Les postures en yoga, ça s'aménagent. N'importe quel prof compétent te le dira et ne te forcera pas à prendre une posture douloureuse pour toi. Inconfortable oui, parfois, mais douloureuse, jamais. Chaque corps est différent et il a fallu que j'accepte qu'il y a des postures que je ne PEUX pas faire ou que je dois faire vraiment en mode "débutant". Pour le moment en tout cas. Certaines, probablement à vie. Ce n'est pas une question de volonté ou de travail, c'est une limitation physique.
Et c'est parfait :)

En ce moment, je fais beaucoup de méditation, de respiration transformatrice et de pranayama (à défaut d'asanas) et c'est aussi du yoga! Passer de 1 à 2 pratiques d'asanas quotidienne à un plus rien, ce n'est facile ni pour mon corps ni pour mon égo, j'avoue, mais c'est très riche en enseignements. Ça oblige à sortir de sa routine et à se retrouver avec soi, plus de possibilité d'évitement. Et j'en profite, j'écoute, j'apprends et je grandis.

N'empêche, même si je suis reconnaissante à la vie que ce ne soit pas plus grave que ça et que j’apprends beaucoup de ce moment de retrait, je serai vraiment ultra heureuse quand même lorsque je retrouverai mon tapis d'amour ;)

Et toi, ami lecteur, des blessures qui t'ont fait ou te font grandir dans ton yoga?

12 commentaires:

  1. j'aimerais bien pouvoir dire la même chose que toi... moi, c'est depuis l'adolescence, des problèmes de sinusite atroces, et des semaines entière d'antibio+ cortisone, plusieurs fois par an. Et dès que je mets les pieds dans une piscine, ça s'aggrave... le comble pour une nageuse. Avec l'âge (oui...) c'est de pire en pire. Là, cet hiver, en cumulé, j'ai passé plus d'1 mois sans pouvoir m'entraîner. Moral à zéro, résultats pourris lors de compètes et re-moral à zéro... Le médecin me dit qu'il faut écouter mon corps et lever le pied, sauf que moi, mon plaisir dans la vie, c'est de me faire mal dans une piscine...Bref, si tu as une solution (oui, je sais, je devrais me mettre au yoga...). Ceci étant je trouve ton article très intéressant, même si pas forcément adaptable à mon sport où la douleur fait partie inhérente de la pratique- oui, les nageurs sont tous masos :-D. Bizzz

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    1. Oui, j'ai une solution, elle est évidente et tu vas vraiment pas aimer :|
      Pour que le cercle vicieux de douleur-maladie-frustration-colère contre soi-même arrête, il n'y a qu'une seule chose à faire: accepter et laisser aller (les choses les plus difficiles à faire, je sais).
      Ça veut peut-être dire faire de la natation différemment ou trouver autre chose qui te nourrit (le yoga? bien sur, mais il n'y a pas que ça dans la vie ;) ), mais c'est évident que ton corps essaye de te dire un truc. Et c'est pas toujours facile à entendre.
      Plein de courage, Kat, je sais que c'est pas facile, mais je suis certaine que tu vas trouver TON équilibre.

      (sinon, t'as essayer de te faire suivre en acupuncture? J'ai une amie qui a eu des résultats merveilleux sur des sinusites, les siennes étaient allergiques)

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  2. J'ai eu une blessure lorsque j'étais ado qui a laissé des séquelles définitives (car erreur médicale haha): j'ai perdu environ 50% de la mobilité de mon pied gauche.
    Comment j'ai géré ça?
    Hm..
    Des larmes. Beaucoup. Des larmes de douleur, évidemment, mais ce ne sont pas celles qui restent. Celles qui restent, ce sont les larmes de défaitisme et désespoir à base de "Je ne pourrai plus jamais faire de sport -oui j'aime pas ça mais je ne POURRAI plus".
    Puis un kiné merveilleux, puis 2 ans de réeducation, puis une opération avec un chirurgien compétent,puis de la réeducation à nouveau et surtout un changement d'état d'esprit.
    J'ai décidé (quoi exactement, je ne sais pas, mais en tout cas j'ai décidé)
    J'ai essayé. J'avais mal? J'adaptais. J'avais encore mal? Je laissais tomber et j'essayais autre chose. Je n'avais pas mal? Cool, j'en profite.
    Puis le sentiment de satisfaction est merveilleux <3 Je me souviens de l'époque où je ne pouvais pas marcher 100 mètres sans devoir m'arrêter et pleurer. Aujourd'hui, je vais travailler et faire mes courses à pied. (Bon ok je suis une feignasse donc ça me fait souvent râler mais quand même, j'oublie pas que je peux le faire et ça c'est cool)(puis parfois mon genou décide en se faisant la malle de me faire savoir que j'ai trop marché , et ça fait mal, et je ressens l'endorphine traverser mon corps entier car tout le monde a dû compenser ses conneries alors je râle à voix haute à base de "GGGGNNNN 'chier, ça fait mal, c'est nul, c'est désagréable, NON. ... ... Bon ok, je vais plus doucement.")

    Alors oui, de la réeducation, de la marche risquée dans les bois (le pire) en triplant d'attention et en écoutant: lorsque je fais ce mouvement, qui d''autre bouge, qu'est-ce qui me fait mal, à quelle intensité, qui peut compenser, facilement ou pas, est-ce que ça vaut le coût ou est-ce que je laisse tomber ? Ca a l'air évident, mais en fait, je trouve qu'avoir conscience des mouvements impliqués (et donc de son corps en fait), ça l'est pas tellement...

    J'ai aussi constaté que je considérais mes blessures comme des êtres à protéger. Ca marche pour moi car le besoin de protéger quelqu'un est un moteur fort chez moi, c'est globalement relou mais j'ai donc décidé de m'en servir pour... moi. Enfin mon corps. Alors quand j'ai mal, j'écoute, et j'avise avec une bienveillance quasiment absolue. J'ai assez peu souvent mal au pied gauche, parce qu'en fait, tout le reste de l'équipe compense. Mon pied droit, mes genoux, bientôt mes hanches, plus tard mon dos... Tout ça concerne juste la cheville. C'est fou. Ca me fascine.
    Ce qui a engendré du respect pour le corps humain, aussi. Que je n'ai pas envie de froisser car l'admiration de la mécanique.

    Mes blessures ont changé mon point de vue, le yoga a affiné et défini mon champs de vision.

    (Parce que les mots que je réussis à mettre sont venus suite à des cours "d'initation au yoga")

    Je n'ai pas encore commencé le yoga, mais je sais déjà que je le gérerai comme mon quotidien: essayer, écouter, accepter, adapter.

    (P.S: Motto non applicable à ces démoniaques douleurs de la matrice, là on sort le fusil)(Non sérieux, à chaque fois j'essaie de la gérer grano en envoyant des soleils lumineux dans mon utérus, et au bout de 10min je cède à l'appel du cocodamol en position foetale sur le lit) (En espérant que ce ne soit pas trop désordonné)

    Des bisous.


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    1. OULALALA, PLUIE DE COEURS SUR TOI!
      Toi et ton pied gauche, vous êtes vraiment inspirants! Quelle belle leçon de respect et d'amour pour soi-même. Ça me conforte dans le fait que c'est vraiment ça la solution: s'écouter et être compatissant envers soi-même.
      Et effectivement, le yoga est extrêmement en phase avec tout ce que tu dis.
      C'est vraiment beau, merci pour ce magnifique partage et plein de courage pour la suite!
      (lol, pour le soleil dans l'utérus. Perso, le Spasfon est mon ami et c'est parfait comme ça. Voie du milieu, toussa ;) )
      xxx

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  3. Ohlala... je n'ai qu'un mot, écrit en majuscules avec des lampions dessus qui clignotent : MERCI. J'avais vraiment besoin de lire ça et je crois que ce n'est pas un hasard si je suis tombée sur ton article.

    J'ai aussi des douleurs chroniques (notamment les séquelles d'une tendinite à l'épaule dont je me suis remise avec le yoga, c'est à dire en souffrant pendant un long mois sans rien faire, puis en pratiquant). Mais aussi une sciatique qui dure depuis des années, et autres douleurs dans le dos dues à trois longues années en posture assise devant un ordinateur pour le travail, avant que je décide de changer de métier.

    Et aujourd'hui justement je me suis faite la réflexion qu'il était vraiment temps d'accepter ces douleurs, d'arrêter de les ignorer et de croire que je peux tout pratiquer... Car ce n'est pas le cas. Et comme tu l'as très justement dit, les postures s'aménagent. Autant en profiter :)

    C'est fou ce qu'on peut savoir des choses, les expliquer aux autres pendant des heures, et refuser sans cesse de les appliquer à soi-même.

    Bonne nuit
    Laura

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    1. Merci Laura pour ton commentaire!
      Oui, "faites ce que je dis, pas ce que je fais" je pratique aussi hein :)
      C'est pas parce qu'on connait les bons outils que c'est facile de les appliquer!
      Contente que mon article t'ai parlé en tout cas.
      À bientôt. xxx

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  4. Ma blessure de guerre c'est un truc qui s'appelle... tibialis? Tibialitis? Tibia-abraracourcix? Bref, le muscle... enfin, le truc qui est dans la jambe. Des années que j'avais mal au genoux. Un médecin m'avait conseillé de perdre du poids (ah bon? Je ne marche qu'avec un genou? Elle dit qu'elle ne voit pas le rapport...), un autre m'avait dit d'arrêter de fumer (encore une fois, quel à propos...). Un a fini par me demander si je courais des marathon. J'ai ri. Il était sérieux. Apparement, c'est la blessure des coureurs... et des marcheurs. Je ne cours pas, mais je marche beaucoup. Ah, c'était donc ça.

    Pour moi, de savoir où exactement j'avais mal (pas au genou donc, mais dans la jambe... ça peut sembler con, mais des fois c'est dur de savoir exactement ce qui fait mal) a été salutaire. Donc coup, je sais m'étirer et trouver des poses qui aident, genre celle où tu replis les jambes et tu t'allonges sur le dos (si tu vois celle dont je parle, tu es très forte car je décris très mal!)

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    1. Non non non, tu décris très bien! ;)
      Je comprends vraiment ce que tu dis. J'ai une blessure qui a mis plus d'un an et des tonnes de médecins à diagnostiquer (merci le système de santé québécois)). Elle n'a fait qu'empirer. Puis quand on a mis un nom dessus, c'est comme si j'avais pu commencer mon travail de guérison. C'est pas toujours tip top, mais comme dit, j'ai appris à la connaitre et à trouver ce qui lui fait du bien. On cohabite (mais ce serai quand même bien qu'elle paye ce qu'elle doit du loyer et s'en aille un jour ;)).

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  5. Coucou madame la tenancière ;-)
    Quand j'ai bobo, j'attends que ça passe. C'est la honte, je sais. Bon point: j'apprends à gérer la douleur sans médocs.

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    1. Pourquoi c'est la honte, Melounet? JAY PAS COMPRIS!

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  6. Merci pour l'article! Tendinite à l'épaule également pendant 8 mois. 40 séances de kiné. Et quand on donne des cours de yoga, hum, plus possible de montrer les postures, il faut alors savoir bien se faire comprendre.

    Je réponds pour la sinusite puisque dans ce cas chronique aussi. Arrêter absolument les produits laitiers!!!

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    1. Merci pour ton commentaire Marie!
      Je connais d'excellent prof qui ne montrent pas les postures ou alors au début d'une séquence avec l'aide d'un autre élève et c'est parfait :)
      Pour la sinusite et produits laitiers, attention: toutes les sinusites chroniques ne sont pas dues à une intolérance/allergie au lactose ou aux protéines de lait :)

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Un commentaire choupi, et une petite signature, histoire de savoir qui me parle. Merci :)